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LOVE & MERCY, TOUTES LES VIES DE BRIAN WILSON

LOVE & MERCY, TOUTES LES VIES DE BRIAN WILSON

Le biopic Love & Mercy présente un portrait audacieux de Brian Wilson, leader aussi charismatique qu'énigmatique des Beach Boys, un des musiciens les plus créatifs de tous les temps. Tout le monde le sait, Brian Wilson était l’âme et l’inspiration du célèbre groupe californien, et bien au-delà, grâce à une capacité de composition fulgurante. Une créativité qui le mènera à la lisière de la folie et dans les mains de personnages peu recommandables. Avec un tel sujet, les lieux communs auraient pu être légion. Et surprise, le réalisateur Bill Pohlad évite à peu près tous les écueils de son sujet. Rompu aux films biographiques et historiques dans sa carrière de producteur (Into the Wild de Sean Penn, 12 Years a Slave de Steve McQueen mais aussi, dans un autre genre, The Tree of Life de Terence Malick), il a eu la bonne idée d'évacuer toute la genèse du groupe dans le générique pour quasiment attaquer son film par la première rupture de Brian Wilson avec sa formation de faux surfeurs : l'enregistrement de l'album Pet Sounds, chef-d'œuvre incompris à sa sortie. Deuxième bonne idée empruntée à Todd Haynes et son I'm not there autour de Bob Dylan : faire interpréter le fantasque créateur par deux acteurs différents, les excellents Paul Dano et John Cusack, certes à deux époques de sa vie mais sans aucun recours au maquillage ni au mimétisme entre les deux. S'opère alors un étrange passage entre les époques photographiées à l'opposé (les sixties ouatées et les nineties plus dures) qu'un simple changement de lumière indique clairement. Rares sont les films de musique à consacrer autant de séquences au studio, lieu de toutes les magies, chambre des rêves de Wilson. Enfin, dernière des bons tours que nous joue ce film plus subtil qu'il n'y paraît, deux personnages secondaires se révèlent d'extraordinaires moteurs narratifs : la blonde qu'on croit n'être qu'une potiche de passage, Melinda Ledbetter (incarnée par l'impeccable Elizabeth Banks), vendeuse de Cadillac séduite par ce petit garçon dans un corps trop lourd à porter, et son thérapeute l'inquiétant Gene Landy auquel Wilson s'est confié corps et biens pendant près de dix ans et à qui Paul Giamatti sévèrement moumouté offre son jeu débridé. A l'infernale solitude de la création des sixties, période que l'on croyait tellement collective, succède l'étouffement d'un personnage trop entouré, infantilisé. L'immense fragilité des créateurs est ici mise à nu avec un sens inédit de la délicatesse pour le genre.
Erwann Lameignère.

Love & Mercy, la véritable histoire de Brian Wilson des Beach Boys. Réalisé par Bill Pohlad, avec John Cusack, Paul Dano, Elizabeth Banks et Paul Giamatti (Etats-Unis, 2014, 2h02).
En salles depuis le 1er Juillet, bande annonce ci-dessous. 

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