Hotdogger #27 en diffusion

RÈGLEMENT DE COMPTES À OK CORAIL

RÈGLEMENT DE COMPTES À OK CORAIL

EXTRAIT DE NOTRE ARTICLE PARU DANS LE 27ème HOTDOGGER ACTUELLEMENT EN DIFFUSION

Cristallisant la joie d’une édition française des Jeux olympiques, le choix de Teahupo’o – l’une des plus belles vagues de compétition au monde – avait tout du coup de maître pour signer les véritables débuts du surf dans l’olympisme. Surtout après l’édition de Tokyo pour le moins gâchée par le Covid (et les vagues médiocres). Las. Un projet de remplacement de la tour des juges est venu tout remettre en cause. Menée en catimini, bâclant les études d’impact et une communication sincère, cette infrastructure s’est retrouvée au centre de tous les paradoxes. Hérésie écologique contre hypocrisie politique ? État des lieux d’un débat forcément houleux et des prises de positions fluctuantes. Ou l’art de se repasser la patate chaude ? À voir si les organisateurs penseront à planter sur cette tour une girouette car, comme chacun sait, ce n’est pas elle qui tourne mais le vent.


Par Marc-Antoine Guet (extrait). Photographies de Lea Hahn.

Ce devait être un rêve. Une grande kermesse. On imaginait tous il y a quelques mois, les surfeurs arriver à l’aéroport de Papeete, accueillis comme il se doit par un archipel en fête. Tout le monde ou presque n’avait alors en tête que les sourires, cette vague de classe mondiale et cette folle envie de médailles à domicile. Puis, c’est devenu le cauchemar d’une tour. Une tour qui, plus que la simple mais néanmoins sérieuse question environnementale, a soulevé avant tout le problème du bon sens et du vivre-ensemble. Une tour de 13,98m qui, plantée au cœur du lagon polynésien de Teahupo’o, sera, si jamais elle voit le jour, le symbole de la honte et de l’hypocrisie. De la honte d’abord, parce qu’en 2023, aucun projet, aucune ambition olympique, aucun événement de stature internationale quel qu’il soit, ne devrait reléguer l’environnement au second plan. De l’hypocrisie ensuite, car personne ne croira que ni l’ISA, qui aura attendu plusieurs semaines pour prendre position sur le sujet, ni le comité d’organisation de Paris 2024 (Cojo) qui, face à la grogne des associations  notamment, avait proposé le 17 novembre, un nouveau projet « bien moins ambitieux que l’initial », ne connaissaient l’impact environnemental mais aussi sociologique qui émanerait de ce projet. Car il aura en effet fallu attendre que le torchon brûle et que les médias grand public s’emparent du sujet, pour que la Fédération International de Surf (l’ISA) ne « salue » début décembre la décision du gouvernement polynésien de suspendre les travaux prévus sur le site des JO 2024 après la destruction de corail par une barge lors de tests techniques. Tout en rejetant (et bien qu’elle soit responsable de l’organisation de l’épreuve olympique), la faute au passage sur Paris 2024 : « Les installations et infrastructures relevaient de la responsabilité du comité d’organisation de Paris 2024, en coordination avec le gouvernement polynésien. » L’ISA qui, dans son communiqué, « invite à intensifier les discussions pour examiner toutes les options possibles. » Mais où était-elle ces derniers mois ? Depuis, les travaux ont repris et c’est de nouveau silence radio. Quid également de la WSL ? Le silence (ainsi que le réveil tardif) de la ligue interrogent. La WSL a seulement fait savoir récemment que la tour actuelle en bois commençait à présenter des signes de non-conformité et qu’il devenait difficile de trouver quelqu’un pour l’assurer lors des compétitions. Ce qui, à terme, pourrait amener à la suppression de l’épreuve (sur le calendrier du Championship Tour) si jamais cette dernière n’était pas modifiée. Une info confirmée par Eric Spitz, haut commissaire de la République en Polynésie française, chez France TV : « La WSL exige en effet une nouvelle tour parce qu’elle ne trouve plus personne pour assurer la compétition contrairement aux 24 dernières années. La WSL menace, si la tour n’est pas prête en mai, de retirer Tahiti des compétitions internationales. » 

(Très) discrète sur le sujet, la WSL semble donc œuvrer dans l’ombre, laissant la patate chaude aux JO, tout en mettant, avec cet ultimatum, la pression sur le président polynésien. Il ne faut pas oublier que les règles de sélection olympique ont été l’objet d’âpres négociations entre les deux organisations, l’une professionnelle et privée (la WSL) et l’autre associative et amateure (l’ISA). Et que beaucoup sont forcément restés sur le carreau, pour ne pas dire la dalle, même à Tahiti. Et attiser les rancœurs.

Oui, depuis longtemps, tous les principaux acteurs du surf savaient, contrairement aux locaux qui eux, n’ont découvert l’étendue des installations qu’en septembre dernier lors d’une réunion publique organisée dans le petit port de pêche de Teahupo’o. Des installations et des infrastructures dont la facture s’élèverait à 527 millions de francs pacifiques, soit 4,4 millions d’euros. Mais bien plus que le prix, c’est bien l’installation en elle-même qui inquiète les locaux de Teahupo’o. Et derrière ce moment de tension, se cache une histoire bien plus complexe :  celle d’une petite ville aux prises avec une bénédiction mitigée : une vague que tout le monde veut. Y compris les Jeux.

Suite et intégralité de l’article dans notre édition actuellement en diffusion.

Eimeo Czermak sur le monstre Teahupo’o plusieurs mois avant sa blessure à Pipeline (Hawaii).

La tour de tous les maux n’est pas dans le Mordor mais aux abords de Teahupo’o.

Les manifestations aux abords du site se sont succédées en octobre et novembre 2023.

La petite vague de la plage où de nombreux enfants débutent est, elle aussi, menacée par les travaux.

HOTDOGGER#27, LES MILLE REFLETS

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